LA MOTTE (de), Antoine Houdar. Fables nouvelles, dédiées au Roy.
Paris, Grégoire Dupuis, 1719.

In-4 (288 x 223 mm), (3) ff., XLII-358 pp., (3) ff.
Plein maroquin rouge, décors doré à la Du Seuil sur les plats, dos à faux nerfs, caissons richement décorés avec double encadrement, écoinçons et fer central doré, auteur et titre doré, date dorée en queue de dos, double filet doré sur les coupes, tranches dorées, large roulette intérieure (R. Petit).

Édition originale, "rare et recherchée" (Cohen) en grand papier avec les gravures en premier tirage.
Il s'agit du premier véritable livre du maître d'Antoine Watteau (1684-1721) : Claude Gillot (1673-1722). Ce dernier illustre plus de la moitié des gravures de l'ouvrage. Dacier considère qu'il s'agit du premier véritable ouvrage illustré par un peintre français au XVIIIème siècle.

L'exemplaire comprend au total un frontispice en pleine page gravé par Tardieu d'après Coypel, une vignette de titre gravée par Simoneau d'après Vleughels et de 101 vignettes gravées, illustrées par Gillot, Coypel, Edelinck, Picart et Ranc. La gravure de l'Horoscope du Lion (p. 331) est avant la signature de Gillot et indique bien un exemplaire de premier tirage.

Rédigées en 1719 dans un esprit de provocation, ces Fables nouvelles marquent une rupture volontaire avec l’héritage de l’Antiquité.
Contrairement à La Fontaine et à ses continuateurs, La Motte ne puise pas dans les sources gréco-latines. Il ne se contente pas de reproduire des schémas anciens : il innove, réfléchit, donne voix aux idées abstraites comme aux objets. En somme, il pense son époque.
Le Discours sur la Fable fait partie des écrits fondateurs d’un mouvement intellectuel qui, tout au long du XVIIIème siècle, nourrira la pensée des Lumières. Grâce aux traductions et à l’enthousiasme qu’il suscite, ce courant influencera en profondeur le quotidien des sociétés européennes : en Angleterre, en Écosse, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Autriche, en Italie comme en Espagne.
Les fables de La Motte s’attachent à explorer les ressorts de l’âme humaine, dans une langue poétique qui s’apparente à la conversation. Sa prosodie, directement inspirée de l’opéra — domaine où il s’illustra comme librettiste — donne à ses vers un rythme vivant et expressif.

Quelques légers défauts à la reliure (frottements aux coins et aux coiffes). L’intérieur présente un brunissement homogène du papier, sans incidence sur la lisibilité du texte ni sur la qualité des gravures. Cette teinte uniforme semble résulter d’une tentative ancienne — maladroite et manifestement inefficace — de relavage du papier, comme en témoignent quelques taches blanchâtres visibles sur les premiers feuillets. Hormis cette altération, il s’agit d’un très bel exemplaire, conservé dans une élégante reliure du XIXème siècle. 

De la bibliothèque du marquis de Courtanvaux, connu sous le nom de François-César Le Tellier de Courtanvaux (1718-1781). Il est le petit-fils de François Michel Le Tellier, Marquis de Louvois (1641-1691) - l'un des principaux ministres de Louis XIV. Il participa aux campagnes de Bohême et de Bavière en tant que colonel à la tête du régiment Royal avant d'être nommé membre de l'Académie des sciences à la suite du décès de son fils Charles François César Le Tellier, Marquis de Montmirail.