GONCOURT (de), Edmond. La maison d’un Artiste.
Paris, Charpentier, 1881.

In-8 (187 x 122 mm), 2 volumes, T1 - (4) ff., 357 pp., (1) f., T2 - (2) ff., 382 pp., (1) f. 
Broché, chemise et étui moderne.

Édition originale sur papier d’édition, après 10 sur Chine et 50 sur Hollande.
Rarissime envoi autographe de l’auteur “à Guy de Maupassant / souvenir amical / Ed Goncourt”.

Guy de Maupassant (1850-1893) est évoqué 167 fois dans le Journal des Goncourt ; “c’est peu, si l’on considère l’importance accordée à d’autres contemporains et la durée de sa présence dans le Journal : vingt ans. Cela semble trop quand on lit les réflexions aigries d’Edmond sur l’auteur de Bel-Ami.” (Benhamou).
La Maison d’un artiste, publiée en 1881, retrace la “demeure-musée” d’Edmond de Goncourt à Auteuil. Au-delà du simple inventaire des objets et œuvres réunies dans sa demeure, l’ouvrage est un autoportrait intellectuel, une déclaration de foi esthétique, une tentative de fixer par l’écriture ce que le musée personnel ne pouvait éterniser. C’est un moment de lecture suspendu dans le temps où se conjuguent l’amour des cabinets de curiosité à celui de la modernité du XIXe siècle.

À travers la description de ses tableaux, gravures, étoffes, sculptures et livres, Goncourt raconte son siècle — ou du moins la sensibilité d’un certain XIXe siècle : délicat, japonisant, épris de raffinement. L’ouvrage est aussi le prolongement naturel du Journal tenu avec son frère Jules : on y retrouve la même acuité, le même goût de la notation précise, la même volonté de faire survivre une forme d’élégance menacée par la modernité.
Exemplaire personnel de Maupassant, sur lequel il travailla pour la rédaction de son article “Maison d’artiste“, paru dans Le Gaulois le 12 mars 1881 à l’occasion de la sortie de l’ouvrage.

En voici quelques extraits :
“Ce n’est point une oeuvre philosphique comme Idées et Sensations ; c’est l’histoire de son mobilier.”
“Il possède aujourd'hui la collection la plus belle, la plus complète qui existe de l'art français au XVIIIe siècle.”
“Dès l'entrée on se sent chez un amateur de curiosités.”
“Les murs partout sont tapissés de livres, de livres précieux, dont il va nous donner le catalogue détaillé. Dans les tiroirs des bibliothèques dorment d'inestimables albums du Japon qui valent des fortunes. Il est le premier peut-être qui ait compris la valeur artistique, la grâce et le charme de cet art japonais dont s'inspirent aujourd'hui nos peintres.”
“A côté de la pièce où sont exposées ces merveilles s'en trouve une autre, un chef-d'œuvre de couleur. Je n'en tenterai pas la description ; mais je dirai sa singulière destination. C'est, pour l'écrivain, un « moyen d'inspiration », le cabinet d'excitation cérébrale.”
“Le rez-de-chaussée est le domaine du XVIIIe siècle. Cette collection est unique. On se rappelle d'ailleurs les admirables dessins qu'il avait prêtés à l'exposition d'Alsace-Lorraine. Voici Watteau, ce maître parmi les plus grands, Boucher, Fragonard, Chardin. Une garniture de cheminée inestimable, de Clodion.”

Habile restauration au dos et rousseurs éparses pour cette pièce unique de notre histoire littéraire du XIXe siècle.
Vicaire, III, 1061-2 ; Carteret, I, 359. Benhamou Noëlle. Maupassant dans le Journal des Goncourt. In: Cahiers Edmond et Jules de Goncourt n°10, 2003. Les cent ans du premier prix Goncourt. pp. 283-304.